|
LA FEMME DE TABARIN
Auteur : Catulle Mendès
Mais la singularité principale de la place Dauphine, c’est la baraque de Tabarin. Pour les besoins du drame qui va être représenté devant vous, elle est disposée comme suit : le tréteau sur lequel l’illustre farceur débite les drogues au profit du sieur Mondor se prolonge de biais, à sept ou huit coudées du pavé de la place. Un éclatant rideau, rouge et vert, agrémenté de figures tabariniques, sert de toile de fond à ce théâtre en plein vent ; à droite, plus bas, au niveau du sol, l’intérieur même de la baraque est visible. Des loques multicolores pendent du plafond, le long de la porte basse, recouverte d’une toile peinte, qui est comme l’entrée des artistes. Des pots de fard et des brosses sur la planchette d’un dressoir, garni de vaisselles ébréchées. Le lieu ressemble à la fois à une cuisine et à une loge de comédien. Un escalier en bois vermoulu, de quelques marches, conduit de cette coulisse au tréteau extérieur. Il y a sur un fourneau une marmite pleine de soupe, dont la fumée monte comme un encens vers un chapeau de feutre accroché au mur : c’est le chapeau de Fortunatus. Au dehors, devant le tréteau, des bancs sont disposés pour les élégants de la cour. Car grand Tabarin, que Molière, selon Boileau, n’a pas dédaigné d’allier à Térence ; et, dès le matin, les fenêtres sont chèrement louées.

Référence : La bibliothèque électronique de Lisieux
Ce livre est au format .htm
|
|
|
|