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NAÏS ET AMYMONE
Auteur : Catulle Mendès
Vous jugez de leur épouvante. Etre vues ainsi, en plein jour, à travers les branches ! Les feuilles de saule, c’est presque aussi transparent que la batiste. N’avoir eu que cette chemise de verdure ! Cette Clémentine était une folle, vraiment. Les jeunes filles ne se rendent pas compte des choses ; ce n’est pas Jane, une veuve, qui aurait eu cette idée. Pourtant, il faut dire que c’était bien tentant : la chaleur lasse de midi, l’eau si clair et si fraîche, qu’éraille la pointe des ramilles ; la solitude absolue, là-bas un rideau d’arbres, qui aveugle les fenêtres du château ; en outre, des souvenirs d’églogue, Chénier et Banville relus hier soir près de la fenêtre ouverte aux brises d’été ; un peu de colère contre Naïs ou Amymone, qui n’ont pas besoin, les heureuses nymphes, d’attendre l’hiver pour se décolleter, et aussi l’inconscient pressentiment de quelque vague Oaristys, - oh ! sans aucun berger, - tout les avait exhortées à cette blanche folie. D’abord assises au bord de la petite rivière, elles avaient retiré leurs mules mignonnes et leurs bas de soie rosée. On mouillerait ses pieds, rien de plus.

Référence : La bibliothèque électronique de Lisieux
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